Ici recommence l’Amérique. Conseils de James Baldwin – à suivre d’urgence

Comment expliquer que le mouvement des droits civiques ait permis l’élection de Reagan qui le condamnait, que Trump ait succédé à Obama ? Pourquoi l’Amérique ne cesse de se répéter dans son récit ? C’est ce qu’Eddie Glaude a voulu comprendre en se plongeant dans l’œuvre de James Baldwin, qui n’avait cessé de croire en des jours meilleurs malgré sa colère.

Du meurtre de Martin Luther King au mouvement Black Lives Matter, Eddie Glaude raconte la lutte des Noirs aux États-Unis sans dissimuler la cruauté ni les manquements du pays, sans diaboliser ni aduler ses protagonistes. Chacun doit pouvoir, qu’il soit noir ou blanc, se libérer de ces récits mensongers, sources de confusion et de souffrance, et cheminer vers sa liberté car le récit personnel est toujours intimement lié au récit national. Une nouvelle occasion se présente aujourd’hui pour retourner aux fondements de l’égalité. Mais aura-t-on le courage de nommer les faits dans leur complexité ? Chacun endossera-t-il ses responsabilités ?

Classé numéro 5 des meilleures ventes du New York Times, nommé meilleur livre de l’année par Time, The Washington Post et Chicago Tribune, Ici recommence l’Amérique. Conseils de James Baldwin à suivre d’urgence a remporté le Stowe Prize 2021 et a été finaliste du Goddard Riverside Stephan Russo Book Prize for Social Justice.

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Écouter une interview exclusive d’Eddie Glaude et un bonus sur le mot « race » dans le podcast « Portrait. Le monde en têtes » :

Ici Recommence Eddie Glaude

LIVRES HEBDO | À la lumière de Baldwin | « Le projet de Glaude : exhumer de l’héritage moral de Baldwin des ressources pour ne pas « sombrer dans la folie ou la résignation » ou céder à la haine » par Véronique Rossignol.

LE SOIR | Après George Floyd, l’Amérique a simplement appuyé sur le bouton reset | « Souvent, l’histoire afro-américaine est considérée comme quelque chose de périphérique. Nous devons raconter la plénitude de notre histoire, et pas uniquement autour de nos épreuves et de nos tragédies » Eddie S. Glaude Jr. interviewé par William Bourton.

LE MONDE DIPLOMATIQUE | « Dans un ouvrage salué par la presse outre-Atlantique, le directeur du département des études afro-américaines à l’université de Princeton affirme : « Notre devoir n’est pas de nous réfugier dans d’illusoires politiques identitaires. » » par Nedjib Sidi Moussa.

TSF JAZZ | Coup de projecteur | « Le blues façonne la vision de Baldwin, sa compréhension de la culture noire et comment en tant qu’artiste, il essaie de la capturer. (…) Le blues est une sensibilité, une façon de comprendre le monde. Le blues américain parle de la relation entre la déception profonde, la blessure, la tragédie, l’impossibilité et en même temps, l’espoir. » Eddie S. Glaude Jr. au micro de Juliette Balland.

THE GUARDIAN | « Une méditation érudite, profondément personnelle et pourtant immensément lisible, une confrontation magistrale avec la « dernière trahison » de l’idéal américain » par Ashish Ghadiali.

THE WASHINGTON POST | « Glaude remet en cause « le mensonge » selon lequel l’Amérique est fondamentalement bonne, que tous les hommes que tous les hommes sont créés égaux et que le pays est un modèle de force morale dans le monde » par Kitty Kelley.

SOPHIE QUETTEVILLE (animatrice littéraire)| “Hyper documenté, hyper intelligent, c’est un texte précieux !”

VIVEMENT DIMANCHE (Lyon) | “De la lecture de Baldwin, on ne sort jamais indemne. On a envie de crier, de revendiquer, de s’offusquer, d’exiger ou de pleurer. De sa naissance à Harlem, à l’élection de Reagan, en passant par la lutte pour les droits civiques, Baldwin est un témoin et un acteur de son époque. Parfois adulé, parfois honni. Jamais ignoré. Eddie S. Glaude Jr parvient à nous faire partager la puissance et la fulgurance d’un homme qui se doit d’être abordé avec humilité. Une prouesse !”, Claude.

QUAI DES BRUMES (Strasbourg) | “Ici recommence l’Amérique est minutieux et salvateur. C’est un arpentage de l’œuvre de James Baldwin par le prisme de l’Amérique contemporaine, pour rallier l’intime au collectif !”, Juliette.

LA FEMME RENARD (Montauban) | “Déçu en son temps par l’échec de la lutte pour les droits civiques, Baldwin avait trouvé refuge en France et gardait espoir sur nos capacités à vivre ensemble dans le respect. Après l’élection de Donald Trump, Eddie S. Glaude Jr. s’est plongé dans l’œuvre et les interviews de l’auteur pour comprendre les raisons des échecs répétés du combat pour l’égalité raciale”, Aude.

LA MANŒUVRE (Paris) | “Plus que jamais actuel et indispensable”, Géraldine.

FILIGRANE (Bruxelles) | “Et bien c’est tout simplement merveilleux et édifiant ! En fait, il y a deux aspects que je retiens particulièrement : tout d’abord une part autobiographique que je n’attendais pas du tout et qui a rendu le texte bien plus fluide que prévu, ensuite (et là c’était la part plus attendue) une nouvelle compréhension de l’Amérique contemporaine et des conflits qui la sous-tendent à l’aune de la vision de Baldwin. Moi j’en ai retiré une meilleure compréhension de l’œuvre de Baldwin, que je ne connaissais pas sur le bout des doigts (contrairement à Eddie S. Glaude Jr.) et surtout de la place très particulière qu’il occupe dans le Civil Rights Mouvement, c’est-à-dire celui de la rage et de la froideur de l’analyse du comportement de l’homme blanc (par opposition au « rêve » de Luther King). L’idée d’un mensonge inhérent à la conception d’ « Amérique », et même constitutif de l’édification de l’état américain, est très forte”, Nicolas.

TULITU (Bruxelles) | Lire Baldwin pour comprendre le monde et pour découvrir un homme aux convictions folles. Incontournable ! Ariane.

Traduit de l’américain par Hélène Cohen et Élisabeth Sancey | Couverture © Tylor Durand
ISBN 978-2-37120-033-3 | 24.90 €
ISBN digital 978237 120 03 57 | 14.99 €
 

**** NOTE DE L’ÉDITRICE

Les Éditions du Portrait ont, depuis 2018, publié uniquement des textes américains. Dans cette langue, le mot « race » appartient au vocabulaire courant. Or ce terme est, en France, depuis la fin de la seconde guerre mondiale, le plus souvent utilisé par des personnes racistes qui opèrent une distinction biologique entre les personnes. Il convenait donc d’écrire une note sur ce que ce mot recouvre outre-Atlantique. Cette note, qui apparaît dans tous nos ouvrages, indiquait qu’il permet aux sciences sociales américaines de prendre en compte la spécificité des expériences vécues par les Afro-Américains. Le mot « race » est ici entendu comme construction sociale -1.

Pourtant, le choix de ce terme ne cesse d’interroger car son utilisation a aussi permis d’inférioriser des populations afin de les réduire en esclavage et parfois même de les exterminer. Ainsi, y recourir pour montrer que la couleur de peau est un critère pour expliquer une discrimination sociale semblait contre-intuitif et risquait d’être contre-productif. Aujourd’hui, des intellectuels américains questionnent la pertinence du mot « race » comme outil de lutte contre le racisme. Les Français, influencés par la culture américaine, le réintroduisent dans leur langue.

Karen E. Fields, sociologue, et Barbara J. Fields, professeure d’histoire à Columbia, soulignent dans Racecraft -2 que « le mot “race” est trop souvent entendu comme un mot vierge, un terme neutre qui désigne un fait de façon empirique. Ce n’est pas le cas. »

Pour l’écrivain et philosophe Thomas Chatterton Williams :

« l’antiracisme “éveillé” part du principe que la race est réelle – à défaut d’être biologique, elle serait une construction sociale et donc aussi déterminante, sinon plus, rejoignant ainsi les présomptions toxiques du suprématisme blanc, qui insiste également sur l’importance des différences raciales. S’ils aboutissent à des conclusions opposées, les racistes et de nombreux anti-racistes ont en commun l’obsession de réduire les gens à des catégories raciales abstraites -3. »

Ici recommence l’Amérique d’Eddie S. Glaude Jr., avec sa plongée dans l’œuvre de James Baldwin, fait écho à ces nouvelles voix américaines. Et c’est une énorme chance que certains travaillent à nous rappeler qu’une société pensée pour tous doit être capable de bien nommer les événements qui la traversent, car mal nommer, c’est ajouter du malheur au monde -4. Il serait donc temps de trouver le mot juste pour nommer ce qui provoque la discrimination contre la différence, au-delà du racisme. Rachèle Bevilacqua.

1- Pap Ndiaye, La condition noire. Essai sur une minorité française, Gallimard, « Folio », 2009. Voir le premier chapitre de son livre.
2- Karen E. Fields et Barbara J. Fields, “Of Rogues and Geldings”, Racecraft, Soul of Inequality in American Life, Verso, 2012, p. 95. Alors que nous rédigeons cette note, les éditions Agone annoncent publier, le même jour que la sortie d’Ici recommence l’Amérique d’Eddie Glaude, ce livre sous le titre La Fabrique de la race. Au cœur de l’inégalité aux États-Unis d’Amérique.
3- Thomas Chatterton Willams, Autoportrait en noir et blanc. Désapprendre l’idée de race, traduit de l’anglais (États-Unis) par Colin Reingewirtz, Grasset, 2021, p. 167.
4- « L’idée profonde de Parain est une idée d’honnêteté : la critique du langage ne peut éluder ce fait que nos paroles nous engagent et que nous devons leur être fidèles. Mal nommer un objet, c’est ajouter au malheur de ce monde. Et justement la grande misère humaine qui a longtemps poursuivi Parain et qui lui a inspiré des accents si émouvants, c’est le mensonge. Sans savoir ou sans dire encore comment cela est possible, il sait que la grande tâche de l’homme est de ne pas servir le mensonge », Albert Camus, « Sur une philo- sophie de l’expression », Œuvres complètes, Tome 1, La Pléiade, 2006, p. 908. « La logique du révolté est de vouloir servir la justice, pour ne pas ajouter à l’injustice de la condition, de s’efforcer au langage clair pour ne pas épaissir le mensonge universel et de parier, face à la douleur des hommes, pour le bonheur », Albert Camus L’homme révolté, Gallimard, 1951, p. 352.

Né en 1968 dans le Mississippi, un des États où la communauté noire a le plus souffert des lynchages policiers, Eddie S. Glaude Jr. est professeur et directeur du département des études afro-américaines à la prestigieuse université de Princeton. Il est titulaire d’un doctorat en religion. Invité régulièrement sur les plateaux des chaînes télévisées américaines, il est également contributeur au Huffington Post

Ici recommence l’Amérique est son troisième livre.