L’émancipation des Afro-Américains, des femmes, la liberté d’être et la conscience de soi qui jaillissent des années 60-70 promettent des lendemains qui chantent. Mais les stéréotypes, les codes sociaux, les traditions qui ont construit et nourrissent le racisme et le sexisme, depuis si longtemps, ne s’éteindront pas en un jour.
Happy Family, le dernier livre de Kathleen Collins, plonge le lecteur dans les relations amoureuses, familiales et amicales de ses personnages. Et comme dans Journal d’une femme noire, Kathleen Collins explore à travers une multiplication de points de vue, les mondes intérieurs et complexes de ses personnages, nourris de culture et de rencontres, en butte à un monde extérieur souvent séduit par les simplifications.
Se libérer du regard de l’autre et devenir un être singulier et agissant, voilà l’horizon des écrits de Kathleen Collins. Et ce malgré la difficulté et parfois l’impossibilité de le contempler.
L’écriture vive et sincère de Kathleen Collins puise toute sa beauté, sa poésie et sa puissance dans ce que la différence produit sur l’autre, aussi petite soit-elle. Lire Kathleen Collins est une énorme chance, peut-être encore plus aujourd’hui, à un moment où l’on réhabilite le travail des femmes noires dans l’Histoire.
L’HUMANITÉ | Celles et ceux qui ont lu et aimé le premier volume reconnaîtront la voix singulière et moderne de Kathleen Collins. (…) Qu’elles déchirent ou ébranlent, toutes les nouvelles parlent des assignations et de la manière d’y échapper pour trouver la liberté, le grand sujet de Kathleen Collins. Sophie Joubert.
LIBÉRATION | Douze histoires souvent cruelles sur la difficulté à se faire comprendre et entendre, le fossé entre les gens. Thomas Stélandre.
LE SOIR | 4 étoiles | Où les personnages blancs et noirs, singuliers et sophistiqués, vivent une vie de bohème, qu’elle (Kathleen Collins) scrute de façon perçante, avec la curiosité d’une entomologiste et la compréhension et l’empathie d’une écrivaine pour ses créations. Jean-Claude Vantroyen.
LA LIBRE | 3 étoiles | La présidence Trump marquée par un racisme décomplexé et une série de bavures policières dont furent victimes de trop nombreux Noirs a donné aux voix engagées de la littérature noire américaines une nouvelle caisse de résonance. La qualité des textes de Kathleen Collins, publiés dans pareil contexte, ne pouvait qu’attirer l’attention. Geneviève Simon
L’EXPRESS | Chez la militante noire Kathleen Collins, l’intérieur s’extériorise. Paul-François Sylvestre
LES LIBRAIRES. Le bimestriel des librairies indépendantes | Mois de l’histoire des Noirs : 10 livres à (re)découvrir | La militante Kathleen Collins dissèque les comportements ouvertement racistes et les bavures policières à répétition contre les Noirs. (…) Post-mortem, Kathleen Collins a été considérée comme une voix militante avant-gardiste qui n’est pas sans rappeler ses consœurs activistes des années 1960-1970. Andréa Spirito
MOLLAT | Bordeaux | Un recueil de textes époustouflant sur la vie, l’amour, la famille, la solitude, les émotions. MAGNIFIQUE !
OMBRES BLANCHES | Toulouse | Le talent de Kathleen Collins est de savoir mettre en scène au travers de « tranches de vie » un « paysage intérieur« . C’est là que réside toute l’originalité de Kathleen Collins et c’est précisément cela qui rend sa littérature si attachante. Chacun des textes de ce volume fait mouche parce qu’il va droit au but et qu’il vise juste. Nicolas.
LE FURET | Lille | Je l’ai dévoré ! J’ai adoré, impossible de le lâcher, on s’attache aux personnages rapidement, il pose réflexion… Un énorme merci pour cette découverte ! Manon.
A LIVRE OUVERT | Paris | Nous l’avons découvert avec son Journal d’une femme noire ; Kathleen Collins est l’une des grandes voix de la littérature américaine des années 60, 70’s. Sous une apparente simplicité de ton, les sujets qu’elle aborde portent toujours en eux un souffle d’authenticité et de liberté. Son art du dialogue et sa capacité à nous faire vivre tant les petits bonheurs que les grands malheurs font d’elle une formidable portraitiste de son époque. A (re)découvrir absolument ! Maya.
TULITU | Bruxelles | Un recueil de nouvelles inédites d’une autrice afro-américaine qui était aussi réalisatrice de cinéma. Une plongée dans le quotidien des Américains pour nous montrer les différences sociales. Ariane.
LA FAB. | Paris | Encore une fois, nous sommes captivés par le style intime et familier de Kathleen Collins qui parvient avec une puissante sincérité à nous faire vivre des situations entre plaisirs simples et drames inéluctables. C’est formidable. À lire absolument ! Clément.
LA MACHINE A LIRE | Bordeaux | Coup de cœur | Magnifique recueil de nouvelles de la grande dramaturge, poétesse et cinéaste afro-américaine ! Cécile.
Traduit de l’américain par Marguerite Capelle et Hélène Cohen. Couverture © Tylor Durand. ISBN papier 978 237 1200 272 | ISBN digital 978 237 1200 302. 136 pages | 15 € (version papier) et 10, 99 € (version numérique).
Née en 1942, Kathleen Collins a grandi à Jersey City. Elle suit des études à la prestigieuse université de Skidmore dans l’État de New York et en 1963, elle obtient une licence de philosophie et de religion. En 1965, elle est récipiendiaire d’une bourse pour compléter son cursus à la Sorbonne ; elle en sortira diplômée en littérature française et en cinéma. Entre-temps, Kathleen Collins s’est engagée dans le mouvement des droits civiques après avoir rencontré les leaders du SNCC, Student Nonviolent Coordinating Committee (Comité de coordination non-violent des étudiants) dont le logo, une main noire qui serre une main blanche, affiche, on ne peut plus clairement, les convictions.
De retour aux États-Unis, Kathleen Collins enseigne l’histoire du cinéma et l’écriture scénaristique à l’université de New York. Parallèlement, elle mène une carrière de scénariste et de réalisatrice à une époque où rares étaient les femmes, les femmes noires en particulier, à accéder à ces ambitions. Losing Ground, son premier long métrage, sorti en 1982, est le premier dans l’histoire du cinéma à être dirigé par une Afro-Américaine. Le film remportera le premier prix au Festival du film international de Figueira au Portugal, deviendra culte pour les cinéphiles et en 2019, il est au programme du festival international de Locarno. Kathleen Collins a écrit tout au long de sa vie. Elle a tenu un journal, écrit des nouvelles, de nombreuses lettres, des pièces de théâtre et des scénarios.
Son œuvre est traversée par une curiosité débordante pour l’individu et ses comportements. Selon elle, si la couleur de peau a une influence certaine sur la vie d’une personne, la couleur de son épiderme, sa “race” 1- sont insuffisantes pour la définir, comme le rappelle l’encyclopédie Greenwood de littérature multiethnique américaine (p 482). Le regard et la pensée de Kathleen Collins étaient précurseurs et courageux à une époque où les communautés, pour se définir, privilégiaient encore plus leurs différences culturelles qu’aujourd’hui.
Kathleen Collins décède à l’âge de 46 ans d’un cancer du sein.
En 2015, le Lincoln Center de New York programme Losing Ground ; c’est une déflagration. Est révélée la réalisatrice, Kathleen Collins, et bientôt l’écrivaine Kathleen Collins. Sa fille, Nina, profite de cet enthousiasme et fait publier les écrits de sa mère, restés jusqu’alors dans ses tiroirs.
Slate écrira en 2017 : « L’œuvre de Collins va être, sans aucun doute, aujourd’hui canonisée mais quel dommage que cela n’ait pas été fait plus tôt et le New York Times book Reviews en 2016 annonce « Éblouissant (…) dans ses nouvelles, nous découvrons une écriture habile, un regard affûté, mordant notamment quand elle fait apparaître le politiquement correct.»
1- voir la définition du mot race dans la note de l’éditrice